La SWDE et la SPGE se rapprocheraient. Mais qu’en est-il de la représentativité des petites communes toujours gestionnaires de leur réseau de distribution?
L’eau alimente plus que jamais l’actualité du parlement wallon cette semaine. Hasard du calendrier, bien avant les révélations concernant la présence de PFAS dans l’eau de distribution à Chièvres, un projet de décret relatif à la gestion de l’eau en Wallonie, porté par la ministre Tellier, était déjà inscrit à l’ordre du jour de la séance plénière de ce jeudi. Un texte législatif visant plus particulièrement la gouvernance du secteur de l’eau et les régimes de la SWDE (Société Wallonne des Eaux, principale société publique de production et de distribution d’eau potable), et la SPGE (Société Publique de Gestion de l’Eau chargée prioritairement de l’assainissement des eaux wallonnes).
Un rapprochement sera opéré entre les deux structures. Avant ce vote, la bourgmestre de Libin et députée régionale MR, Anne Laffut, a analysé le texte et fait le choix de faire part de ses craintes.
« Je ne peux pas voter le texte en l’état » annonce-t-elle.
Et ce jeudi, lors du vote, bien que députée de la majorité, elle devrait s’abstenir. Anne Laffut dit craindre les effets de ce décret pour les petits producteurs d’eau, dont une quarantaine de communes wallonnes – comme la sienne – conservant leur propre réseau d’eau et qui ne dépendent pas directement de la SWDE. Mais aussi pour les communes clientes de la SWDE qui ne seraient plus représentées majoritairement au sein des organes de décision.
Un conflit d’intérêt ?
La députée-bourgmestre libinoise tique aussi sur le fait que le décret autorisera que le président du comité de direction de la SWDE soit le même que celui de la SPGE.
« Il est parfois bon dans un souci d’efficacité d’opérer des rapprochements et des fusions, comme cela a été le cas, par exemple, entre l’Office économique wallon du Bois et RND, mais ici il y aurait clairement un conflit d’intérêt », estime-t-elle. Car, selon son analyse, la même personne pourrait être à la tête d’un réseau de distribution d’eau (la SWDE), qui n’est pas unique en Wallonie, et de la société publique, la SPGE, qui, dans sa mission, coordonne le secteur de l’eau et finance le l’assainissement sur l’ensemble du territoire wallon,
« Je ne me bats pas contre la SWDE car nous pouvons avoir aussi besoin d’elle en cas de sécheresse, explique aussi la députée régionale MR. Mais je demande pourquoi on mettrait les petits acteurs de côté. Les communes sont représentées au sein de la SPGE par Aquawal. Demain quelle sera la représentativité ? »
En tant que bourgmestre d’une commune, toujours gestionnaire de son réseau, Anne Laffut dit rester attachée à cette spécificité. Alors que l’avenir des réseaux communaux est une éternelle question. « Nous tenons à garder notre réseau, insiste-t-elle. Jusqu’ici nous avons réussi à rester 10% moins cher que la SWDE. Notre réseau fait l’objet d’investissement. Même si nous ne sommes pas parfaits, grâce à notre proximité et notre connaissance du terrain, nous pouvons réagir rapidement. Si l’on prend le cas de Chièvres, il y a là un exemple de problème de communication. » En définitive, Anne Laffut dit avoir des questions concernant l’appui, à l’avenir, de la SWDE en cas notamment de pénurie envers les communes qui ne sont pas ses clientes. Des communes qui, s’interroge-t-elle, ne seraient donc peut-être directement plus représentées et donc sans possibilité de défendre leur point de vue